Quand l'islamophobie devient une motivation d'autodéfense pour les femmes voilées
L'entraîneur d'Onyx Jiu-Jitsu, Jesse Wright, a souligné : « Ayez toujours les mains levées et protégez le visage. Vous n’êtes pas comme une championne de Muay Thai qui peut esquiver les coups, mais vous pouvez vous protéger ».
La mosquée du Centre islamique d'Aurora Colorado est à l’origine de cet événement. Le but de ce travail était de créer un espace pour que les femmes se sentent fortes et puissent se défendre face à les actes islamophobes, les menaces et les criminels en général. Les participantes au cours ont également écouté des policiers d'Aurora, dont un officier musulman, qui leur a donné des conseils pour se protéger dans des situations dangereuses.
Abdul Sidi, ce policier présent à l'événement, a déclaré : « Nous devons faire attention à notre propre sécurité et à celle des autres autour de nous. En organisant ces cours et en essayant d'éduquer la société en général, peu importe la religion ou le pays, il s'agit simplement de protéger. Par sécurité, je vous recommande d’attacher l’hijab ou l'écharpe de telle sorte que si quelqu'un l'attrape et le tire, vous ne soyez pas entraînées avec lui. Lorsque vous êtes attaquées, la sécurité est plus importante que d'essayer de garder votre voile ».
Deux agents ont distribué des brochures spécialement conçues pour les musulmanes, contenant des conseils de sécurité généraux et de sécurité, qui déclarent : « Garder les voitures verrouillées, ne laissez pas d'objets de valeur visibles, soyez conscientes de votre environnement », et donnent des conseils en cas d’activités suspectes.
La police d'Aurora a enquêté sur trois crimes de haine anti-musulmans depuis 2018. Selon le porte-parole de la police d'Aurora, Matthew Longshore, dans deux cas, le suspect n'a pas été identifié et dans le troisième cas, la victime a refusé de poursuivre l'affaire qui a été classée : « Le nombre de cas locaux est gravement sous-déclaré ou pas du tout signalé. Une autre raison que la base de données et les chiffres du FBI sont sous-estimés, et qu’il y a un manque de confiance dans les forces de l'ordre que la surveillance généralisée après le 11 septembre », a-t-il dit.
Tous les incidents motivés par la haine (contre les musulmans ou d'autres religions) ne sont pas signalés à la police, et les musulmans ont signalé de nombreux cas d'islamophobie ces dernières années.
En avril, le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) a publié un rapport qui indiquait une augmentation de 28 % des crimes de haine et des incidents motivés par des préjugés contre les musulmans, en 2021.
Zaitune Gisho et sa camarade de classe exécutent les mouvements que les entraîneurs leur ont présentés. Elle a été la première à s'inscrire dans la classe et sa fille s'entraîne également pour l'équipe olympique américaine de taekwondo.
Gisho a déclaré : « Je dois apprendre à me protéger car je travaille pour une compagnie aérienne à l'aéroport international de Denver et j’ai connu des situations dangereuses à plusieurs reprises au cours des dernières années, sans rapport cependant, avec la religion. J'ai acquis beaucoup de connaissances sur la façon de me défendre dans cette classe. J'espère que tout le monde écoutera et essaiera de se protéger ».
Hire Sheikh, membre du conseil d'administration de la mosquée Aurora, âgé de 23 ans, assiste au cours d'autodéfense. Elle pratiquait différents types d'arts martiaux et pense qu'il est important que les femmes y soient formées.
Au sujet des cours d’autodéfense, elle a déclaré : « J'ai vraiment ressenti un changement et j'ai l'impression d'être nettement plus consciente de moi-même ».
Maryam et sa fille Zainab Sabr posent des questions pour s'assurer qu'elles pourront terminer les mouvements. Maryam Sabr a entendu parler du cours à la mosquée et y participe avec sa fille de 17 ans qui était heureuse d'apprendre certaines techniques et aurait souhaité que le cours soit plus long. Maryam est plus préoccupée par sa fille qui ira probablement bientôt à l'université dans un autre État.
Zainab a reconnu que le port de l’hijab fait des femmes musulmanes une cible facile, surtout dans la situation actuelle, et qu’elles doivent se protéger.
La classe a eu un écho si positif que le centre espère collaborer avec d'autres mosquées de la région pour organiser plus de classes dans l'avenir.
