Déclarations d’une journaliste américaine sur les questions raciales en France

Fusillades meurtrières et interdiction de l’hijab, deux faces des questions raciales en France

10:53 - September 27, 2023
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NEW YORK(IQNA)-Le New York Times faisant référence aux défis raciaux auxquels sont confrontés les musulmans et les immigrés vivant en France, a déclaré que les fusillades meurtrières et l’interdiction de l’hijab étaient les deux facettes des problèmes raciaux qui existent dans ce pays.

Le New York Times a publié un reportage de sa journaliste, Catherine Porter, dans lequel elle raconte l'histoire de Mama Diakit, une citoyenne française née et élevée dans la banlieue parisienne de parents immigrés, dans un endroit proche de l'endroit où Nahel, un jeune homme de 17 ans, a été abattu par un policier, au cours d'un contrôle routier, à Nanterre.

Alors que des voitures brûlaient et que des barricades dans son quartier, étaient élevées, Diaquit a reçu une décision du plus haut tribunal administratif du pays lui interdisant de pratiquer le sport le plus populaire de France, le football, avec son hijab.

Cette décision a déclenché un choc, colère et déception chez Diakit qui a arrêté de jouer au football pour son club, la saison dernière, et a déclaré qu’elle était déçue par ce pays censé être un pays des droits de l'homme, où elle ne se sent pas en sécurité.

Un groupe de jeunes joueuses musulmanes de diverses équipes qui portent l’hijab, ont lancé un recours judiciaire contre cette décision en 2021, arguant que la loi était discriminatoire et excluait les femmes musulmanes du sport. L'expert-conseil du Tribunal administratif suprême du pays avait confirmé alors, que le football regorgeait de symboles religieux et politiques, comme de nombreux joueurs qui font le signe de croix avant d'entrer sur le terrain.

Malgré les critiques, le ministre français de l'Intérieur, Gérald Daronin, qui mène la lutte du gouvernement pour éradiquer les institutions islamiques qu'il qualifie de « séparatistes », a déclaré la semaine dernière, lors d'une émission de radio, que si les footballeuses étaient autorisées à porter l’hijab, ce serait un coup très dur au principe de la République française.

Dans une telle atmosphère, Diakit, qui joue désormais avec son hijab juste pour s'amuser avec ses amies, estime que le jugement est plus influencé par une idéologie politique que fondé sur des faits.

La publication simultanée du verdict du tribunal et les troubles qui ont suivi la mort de Nahel al-Marzooqi étaient une coïncidence et à bien des égards, les deux cas étaient différents. L’un portait sur une fusillade mortelle de la police que les autorités françaises ont condamnée, et l’autre impliquait une discussion significative sur la montée de l’islam dans la société française. Mais tous deux portent sur des questions de longue date d’identité et d’intégration des étrangers en France.

Les tirs de la police ont été initialement décrits dans les médias français, comme une légitime défense, mais une vidéo publiée plus tard, montrait un policier lui tirant dessus depuis le côté de la voiture, alors qu'il s'éloignait.

De nombreuses minorités vivant dans les régions les plus pauvres du pays, estiment que la police n'aurait pas abattu un jeune homme blanc vivant dans un quartier luxueux de Paris, même si, comme Nahel al-Marzouki, il était coupable d’infractions mineures du code de la route.

Un responsable du bureau du président Emmanuel Macron a fermement rejeté l'idée d'une politique à double mesure de la police à l'égard des Français, affirmant que ce qui a été fait était l'acte d'un homme et non de l'organisation policière. « La police d'aujourd'hui est très mixte, très diversifiée et reflète la structure de la société française, a-t-il dit.

Ces dernières années, des études ont montré l'ampleur des discriminations raciales en France, notamment au sein des forces de police. En 2017, une étude de l'Union française des libertés civiles révélait que « les jeunes noirs ou arabes » sont 20 fois plus susceptibles d'être soumis à des contrôles d'identité par la police.

Le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a demandé à la France de « s'attaquer aux problèmes profonds du racisme et des discriminations dans les forces de l'ordre », une déclaration que le ministère français des Affaires étrangères a qualifiée « d'infondée ». Il a affirmé que la police française luttait résolument contre le racisme et toute forme de discriminations.

Julien Talpin, sociologue au Centre national de recherche scientifique, qui étudie les discriminations dans les banlieues en France, a déclaré : « C'est une position étrange selon laquelle la meilleure solution à un problème, est de ne pas en parler. C’est un consensus qui prévaut dans la société française. Le résultat est que de nombreuses minorités se sentent doublement punies ».

Fabian Truong, sociologue, estime quant à lui, que de nombreux banlieusards trouvent leur place en France. Pour eux, dit-il, la « promesse républicaine » d’égalité a largement fonctionné, car ils ont pu faire des études supérieures, obtenir de meilleurs emplois, quitter les banlieues et avoir le sentiment de faire partie du courant dominant.

Tandis que d’autres se sentent régulièrement visés et passent des nuits en prison simplement parce qu’ils n’ont pas de carte d’identité. Le port d'une carte d'identité est obligatoire mais personne n’a sa carte d’identité sur soi. En fait, quand vous n'avez pas votre carte d'identité avec vous, vous pouvez être arrêté mais en même temps, vous savez que cela n'arrivera pas.

Une autre partie du rapport du New York Times déclare : « En théorie, le principe de laïcité du pays, apparu après la révolution de 1789 pour maintenir l'Église catholique à l'écart des affaires de l'État, vise à garantir que l'État ne promeuve aucune religion. Chacun est libre de choisir la religion de son choix. Mais les critiques affirment que cette question est parfois utilisée comme une arme pour exclure les musulmans, en particulier les femmes voilées, de la vie publique.

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